
14h00 : Nous voilà enfin devant la maison. Le mystère est levé, et son apparence se dévoile sous la lumière du jour. Ce n’est pas exactement le coup de foudre qu’Aziliz espérait : son regard mêle une pointe de déception à une curiosité légèrement contrainte.
Les pierres ne sont pas aussi anciennes qu’elle l’aurait souhaité, et ce charme breton traditionnel qu’elle affectionne tant semble presque absent. Pourtant, elle accepte de franchir le seuil, sans grande conviction.
À l’intérieur, nous sommes accueillis par les héritiers d’une bâtisse imposante de 214 m², idéalement située à deux pas du centre-ville. L’excitation monte brièvement. J’ose un sourire complice, mais il est accueilli par un silence glacial de la part d’Aziliz.
Puis vient le choc. Ce que nous découvrons n’est pas une maison, mais un chantier monumental. Les murs sont tachés, les sols grinçants, l’électricité hors d’âge, et la plomberie… mieux vaut ne pas en parler. Tout est à refaire. À mesure que nous avançons, je vois la colère monter chez Aziliz, son silence devenant assourdissant.
Finalement, elle s’arrête au milieu de ce qu’on appelle généreusement le salon, les mains sur les hanches. Elle me fixe, les yeux chargés d’un mélange d’incrédulité et d’exaspération, avant de lâcher :
— C’est quoi, ce taudis ?! Ce n’est pas une maison, Faustin, c’est une épave !
Je tente de balbutier une réponse, mais elle ne me laisse pas le temps.
— Sérieusement, tu pensais vraiment que j’allais vouloir vivre ici ? On dirait que cette maison a traversé une tempête et qu’elle n’en est jamais revenue !
Je ne peux qu’acquiescer, penaud, tandis qu’elle fait volte-face et marche vers la sortie. Je me sens comme un capitaine qui a échoué à accoster dans le port de ses rêves, face à une mer trop déchaînée pour être domptée.
— Bon, viens, grogne-t-elle, on a perdu assez de temps ici.
Je glisse un dernier regard à la maison, partagé entre regret et soulagement. Ce n’était pas la bonne. Pas cette fois.
La visite aura duré à peine dix minutes, si je compte les neuf passées à tergiverser devant la maison. Un record d’échec immobilier, sans doute.
Tandis qu’Aziliz marche vers la voiture, je tente de rattraper l’ambiance :
— Écoute, je suis désolé. On retourne en ville et on oublie tout ça, d’accord ?
Elle me lance un regard mi-exaspéré, mi-amusé :
— J’espère que les autres maisons ne seront pas comme ça, parce que sinon, on est mal barrés.
Je ris doucement, presque soulagé qu’elle ne m’en veuille pas trop.
— Allez, viens. On va se changer les idées au bord du canal.
Le soleil est toujours au rendez-vous, caressant le paysage d’une lumière dorée. Des promeneurs profitent de ce petit coin de paradis, échangeant sourires et rires sous les arbres. Nous nous engageons sur le pont qui enjambe le canal.
La vue est à couper le souffle. L’eau scintille, les bateaux avancent paisiblement, et les reflets des feuillages dansent sur la surface.
— C’est magnifique… Non, « Magnifake », comme dirait Cristina Cordula, plaisanté-je en imitant son ton.
Aziliz éclate de rire, sa bonne humeur retrouvée. Peu à peu, la beauté du moment efface la déception de la maison. C’est ça, la Bretagne : un coin de magie capable de guérir toutes les petites frustrations.
15h00 : Un bistrot nous attire. Nous nous installons. Aziliz file aux toilettes en me confiant une mission : commander une bière rouge pour elle et une triple abbaye pour moi. Les boissons arrivent, et là, tout bascule.
Une voix me hèle, curieuse et troublante :
– Vous avez commandé une Morgane ?
Je tourne la tête, cherchant la provenance. Une femme se tient à moitié dissimulée dans l’ombre d’un recoin sombre. Ses yeux semblent briller, bien que la lumière ne l’atteigne pas.
– Pardon ? Une quoi ? je balbutie.
– Une Morgane. Mais ici, ce n’est pas la bière qui importe… C’est l’histoire qu’elle raconte.
Puis elle se met à parler d’une légende locale : celle des pierres parlantes. Ces sculptures médiévales, selon elle, abriteraient des esprits. « Elles murmurent leurs secrets à ceux qui savent écouter. »
Sa voix, grave et apaisante, m’envoûte. Mais une pensée me traverse : je la connais. Oui, je l’ai déjà entendue quelque part. Où ? Quand ?
Je me retourne une fraction de seconde pour regarder nos bières. Quand je reporte mon attention sur elle, elle a disparu.
Je questionne les clients à côté :
– Vous n’avez pas vu une femme, là, dans le coin ?
– Quelle femme ?
– Celle qui était là, dans l’ombre !
Ils secouent la tête.
– Vous devez rêver, il n’y avait personne.
Personne ? Impossible. Je l’ai vue. Je l’ai entendue.
Je monte à l’étage chercher Aziliz, mais elle est introuvable. Redescendant, je la vois assise, ses yeux fixant les miens avec ce mélange d’amusement et de reproche.
– Alors, tu fais quoi ?
Je m’assois, troublé.
– Dis-moi… Tu n’aurais pas vu une femme, là, tout à l’heure, dans le coin sombre près de l’escalier ?
– Non. Une femme ? Tu vas bien ?
Je secoue la tête, essayant de chasser cette étrange sensation. Mais au fond de moi, je sais que quelque chose s’est passé.
Nous quittons le bistrot, mais en marchant, je sens une présence. Une ombre qui nous suit. Pas menaçante, mais insistante. Les vieilles pierres de Malestroit semblent murmurer des mots que je ne parviens pas à saisir.
Nous déambulons dans les ruelles pavées et admirons les maisons à colombages, souvent ornées de sculptures uniques. J’en profite pour continuer mon exposé sur la ville tout en passant devant L’église Saint-Gilles.
Vois-tu ma chérie, cette église construite au XIIe siècle possède une architecture gothique remarquable et des vitraux qui illustrent des épisodes historiques et religieux. Une fontaine située près de l’église aurait des vertus curatives, notamment pour les maux de peau et les maladies infantiles.
La journée touchait doucement à sa fin, baignée par les lueurs dorées d’un soleil déclinant. Notre périple à travers la ville avait été un enchantement : ruelles pavées chargées d’histoire, murmures d’anciennes légendes glissées au creux des pierres, et ce parfum enivrant de jasmin flottant dans l’air du soir. Mais l’heure n’était plus à la contemplation. Il était temps de rentrer.
Clothilde nous attendait, enfin, lorsque je dis « nous », c’est une manière de parler. Il était évident que c’était surtout moi qu’elle attendait. Il y avait dans son regard, lorsqu’elle l’évoquait, cette étincelle malicieuse, presque mystérieuse, propre aux confidences à venir. Elle avait, paraît-il, une surprise pour moi. Une surprise… Le mot flottait dans mon esprit, un mélange de curiosité et d’anticipation. Avec Clothilde, les surprises n’étaient jamais ordinaires.
Serait-ce un objet aux origines nobles, une pièce oubliée ayant appartenu à quelque illustre personnage ? Une anecdote à couper le souffle, digne des intrigues princières de Monte-Carlo ? Ou peut-être, dans son charme si particulier, un simple geste porteur d’un grand éclat ? Quoi qu’il en soit, cette fin de soirée promettait d’être mémorable.
🎩✨ « La magie continue… mais pas tout de suite ! » ✨🎩
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