
Alors, pourquoi la Bretagne ? Vous pourriez croire que c’est pour mes 50 ans. Ah, ce bel âge rond qui invite à la réflexion et, parfois, à des projets un peu fous. Mais non. La vraie raison, c’est que nous avons décidé de tout plaquer pour venir ici. Et comme j’aime surprendre ma chère moitié Aziliz, j’ai organisé plusieurs visites de maisons. Elle, elle va encore tomber sous le charme. Parce que moi, niveau surprises, je suis plutôt Houdini.
10h38 précises, direction Malestroit, petite perle nichée dans le Morbihan. Vous entendez déjà le murmure des légendes, non ? La ville elle-même semble porter en elle quelque chose d’ancestral, comme si le temps s’y était arrêté.
Et moi, votre guide improvisé, prêt à jouer les Stéphane Bern bretons :
« Ma chérie, bienvenue à Malestroit, surnommée ‘la Perle de l’Oust’. Et non, je ne parle pas d’une huître. »
Là, je sors mon exposé :
« Malestroit est l’une des neuf anciennes « bonnes villes » de Bretagne. Elle est mentionnée dès le XIe siècle et s’est développée grâce à sa position stratégique sur les rives de l’Oust, un axe important pour le commerce et les échanges.
Durant le Moyen Âge, Malestroit devient un centre de commerce prospère et voit la construction de remparts et de maisons à colombages, encore visibles aujourd’hui.
Malestroit a joué un rôle clé dans l’histoire bretonne, notamment lors de la guerre de Succession de Bretagne. C’est ici qu’a été signé le premier traité de Malestroit en 1343, entre le roi de France Philippe VI et le roi d’Angleterre Édouard III, dans le but de mettre temporairement fin à la guerre de Cent Ans.
Elle me regarde, bouche bée.
– Mais… Tu es métamorphosé !
– Et si c’était le cas ?, je réplique avec un sourire mystérieux. Suis-moi, la visite commence à peine.
Nous voilà au cœur de la ville. Les cafés débordent de vie, les terrasses s’animent, et… incroyable, il fait beau. Mais quelque chose flotte dans l’air. Une tension presque palpable, comme si les murs nous observaient.
C’est jeudi, et le jeudi, c’est jour de marché. Un marché comme on les aime, plein de vie et de couleurs. Les étals débordent de beaux produits, tous venus tout droit des fermes et ateliers des environs. Un marché à taille humaine, mais avec un charme qui pourrait rivaliser avec n’importe quel marché primé, si seulement quelqu’un avait pensé à l’inscrire à un concours.
Les effluves mêlés de café fraîchement moulu, de crêpes au beurre salé et de viennoiseries encore tièdes flottaient dans l’air, comme une invitation à ralentir. Les étals regorgeaient de couleurs : oranges éclatantes, légumes verts aux formes biscornues, et bouquets de fleurs sauvages attachés avec des rubans de raphia.
— On se prend un petit café ? je demande à Aziliz, en la voyant se perdre dans les étals de confitures artisanales.
— Tu crois qu’on a le temps, Faustin ? me répond-elle sans lever les yeux.
— Bien sûr, on n’a rendez-vous qu’à 14 heures pour la visite.
Elle se retourne, un sourire en coin.
— Alors pourquoi être venus si tôt ?
— Parce que je te connais. Si je t’avais dit 14 heures, tu serais encore en train de discuter avec ta mère.
Elle me regarde, faussement agacée, mais bien consciente que c’est probablement vrai.
— Moi ? Pas du tout ! répond-elle avec cette mauvaise foi qui la rend irrésistible.
Je hausse les épaules, souriant.
— Bon, tu veux quoi comme café ? Et si on tentait le café du jour ?
— Allez, vendu pour le café du jour.
Je me dirige vers le comptoir, un petit café ombragé par un grand platane. Derrière, un jeune homme, presque zen, prépare les boissons avec une lenteur méditative, comme si la Bretagne lui avait transmis une part de son rythme paisible.
— Deux cafés du jour, s’il vous plaît.
En revenant, je pose les tasses fumantes sur une table en fer forgé.
— Tiens, installe-toi là, je reviens, j’ai vu quelque chose.
— Où tu vas encore ? demande Aziliz, avec un petit sourire en coin.
— Pas loin, promis.
Ce n’est pas seulement l’odeur du café qui m’a attiré. Deux étals plus loin, j’ai repéré des pains au chocolat dorés et encore tièdes. Leur parfum est irrésistible, un appel à la gourmandise pure.
Je reviens avec deux viennoiseries encore chaudes, posées sur une assiette en carton. Je les dépose devant Aziliz, un sourire de triomphe aux lèvres.
— Ah non, mes kilos ! proteste-t-elle, faussement outrée.
— Qu’est-ce que tu racontes ? Mine de rien, tu es taillée comme un crayon !
— Ouais, t’es aveugle ou quoi ? Je ressemble plus à un Stabilo.
Je ris en attrapant ma tasse de café.
— Allez, c’est les vacances, il faut en profiter. C’est juste un pain au chocolat et un café.
— Et après, tu me fais faire trois kilomètres pour compenser ? Elle me fixe avec un air dubitatif.
— Exactement. On est dans le paradis des épicuriens, là. Tu crois que tu peux juste vivre de squats et de légumes vapeur ?
Aziliz soupire, ce soupir théâtral qui veut dire « je résiste », mais aussi « tu as raison ». Devant le pain au chocolat, luisant et parfait, et sous l’assaut de son estomac qui crie « mange-le », elle craque. Elle aura tenu cinq secondes, pas plus.
Nous mordons en silence dans nos viennoiseries. Le beurre fond en bouche, le chocolat est juste assez fondant, une perfection simple mais éclatante. Autour de nous, le marché continue de vivre avec ses bruits, ses couleurs, ses odeurs. Mais pour quelques instants, il n’y a plus que nous deux, le café, et ce moment volé au temps.
Aziliz finit par sourire, les doigts pleins de miettes.
— Ok, tu avais raison. C’était indispensable.
Je hausse un sourcil, faussement modeste.
— Je sais, je réponds en souriant à mon tour. C’est pour ça que je t’ai épousée : tu sais reconnaître les vraies priorités. Et après, on part marcher trois kilomètres pour éliminer ça.
Après avoir flâné sous un soleil radieux et arpenté le marché de long en large, émerveillés par la palette de couleurs offerte par les étals des maraîchers et des artisans, nous poursuivons notre balade bucolique le long du canal de l’Oust. Ce canal, pièce maîtresse du paysage breton, relie Nantes à Brest dans un entrelacs de verdure et de sérénité.
C’est alors que, comme pour agrémenter notre promenade d’un spectacle inattendu, nous arrivons pile au moment où un bateau s’apprête à franchir une écluse. Une scène tout à fait fascinante, car, voyez-vous, l’eau, véritable chef d’orchestre de ce ballet, diffère de niveau d’un côté à l’autre de ces portes colossales.
Aziliz, ma douce et curieuse compagne, interrompt sa contemplation pour me glisser, intriguée :
— Pourquoi cette file de bateaux de l’autre côté ?
Faisant honneur à mon rôle de Stéphane Bern improvisé (oui, j’endosse ce rôle avec une aisance qui frôle l’arrogance), je m’empresse de lui répondre, tout sourire :
— Eh bien, ma chère, tout est une question de science et de mécanique aquatique ! Regarde, d’un côté, l’eau est plus basse. Le principe est d’une simplicité remarquable : le bateau attend que l’eau dans l’écluse atteigne son niveau, puis il entre avec grâce dans ce sas. Une fois les portes refermées, l’eau monte doucement, comblant l’écart. Lorsque les deux niveaux sont parfaitement égaux, la porte opposée s’ouvre et le bateau peut poursuivre son périple, glissant paisiblement vers de nouveaux horizons.
Ma démonstration, il faut bien l’admettre, est magnifiée par un soupçon de théâtralité. Alors que je termine, Faustin, guide intrépide, historien éclairé, et, soit dit en passant, époux de la plus belle femme de Bretagne (voire du monde entier), savoure sa propre tirade, visiblement satisfait.
Aziliz lève alors les yeux au ciel, esquissant un sourire mi-amusé, mi-agacé :
— Ça va les chevilles, Faustin ? Pas trop gonflées ? T’as fini de te la raconter ?
Je ris doucement, réalisant que, peut-être, j’ai légèrement exagéré. Serait-ce l’effet du soleil breton ? Ou peut-être cette ambiance enchanteresse qui m’enivre ? Peu importe, car ici, au bord de l’Oust, tout semble permis.
12h30, l’appel de la faim se fait sentir, nos estomacs nous rappelant qu’un simple pain au chocolat dégusté plus tôt, bien que savoureux, ne saurait suffire à calmer notre appétit.
C’est alors qu’un restaurant attire notre attention. Sa devanture charmante et son ambiance prometteuse nous invitent à en découvrir davantage. Je m’avance pour examiner la carte, mais Aziliz, visiblement plus impatiente que moi, trépigne derrière et finit par me pousser gentiment pour jeter un œil à son tour.
Rapidement, le menu nous séduit. Il faut dire qu’à nous deux, les chaînes de restaurants et les fast-foods ne sont pas franchement notre tasse de thé. Nous avons un faible assumé pour les plaisirs gastronomiques et privilégions, autant que possible, des spécialités régionales, concoctées à partir de produits frais et préparées sur place avec amour.
L’endroit, quant à lui, coche toutes les cases : un cadre élégant, une atmosphère chaleureuse et, cerise sur le gâteau, une petite touche romantique qui rend le moment encore plus spécial.
Nous prenons place à une table idéalement située, offrant une vue imprenable sur les abords du canal. L’air embaume de senteurs locales, et l’atmosphère, à la fois simple et élégante, invite à la détente.
La serveuse s’approche avec un sourire chaleureux et nous demande notre choix pour l’apéritif. Sans hésiter, je demande la carte des vins. Chez nous, le vin en apéro l’emporte souvent sur les options plus classiques.
Aziliz, fidèle à son sens des traditions et toujours prompte à prendre les devants, déclare avec un sourire malicieux :
— Écoute, Faustin, nous sommes en Bretagne, alors ce sera deux kirs bretons.
Je hoche la tête, amusé, tandis que la serveuse s’éclipse pour préparer notre commande. Nous optons pour le menu du jour, attirés par les promesses de produits frais et de recettes authentiques.
Alors que nous attendons l’arrivée des plats, Aziliz me regarde avec curiosité et revient sur la visite de cet après-midi.
— Alors, raconte, Faustin. Où est cette fameuse maison ? À quoi ressemble-t-elle ?
Elle marque une pause, plissant légèrement les yeux, comme pour souligner l’importance de ses mots.
— J’espère que ce n’est pas une maison moderne, hein. Moi, je veux de l’ancien, des pierres bretonnes, de l’histoire. Pas une cage à poule où tout est blanc, sans charme ni authenticité.
Je souris, conscient de ses attentes. Après tout, Aziliz ne se contente jamais de l’ordinaire. Chaque détail compte, surtout lorsqu’il s’agit de trouver un lieu à la hauteur de nos rêves.
Le repas est un vrai délice, un bonheur à l’état pur, simple et réconfortant. Seule ombre au tableau : ma vessie commence sérieusement à me rappeler à l’ordre.
— Chérie, je reviens, je vais aux toilettes.
— Moi aussi, je dois y aller.
— Vas-y en premier, je réglerai le repas pendant ce temps-là.
Aziliz se lève et se dirige vers les toilettes tandis que je me rends au bar pour demander l’addition. En quelques instants, tout est réglé. Je retourne ensuite tranquillement à notre table, attendant qu’elle revienne.
C’est à ce moment précis qu’une jeune fille surgit de nulle part, visiblement pressée, et me tend une balle de golf avant de disparaître aussi vite qu’elle est apparue. Je reste là, interdit, tenant cette balle incongrue dans ma main.
Qui est-elle ? Pourquoi m’a-t-elle donné ça ? Je ne la connais pas, et cette balle n’a absolument aucun sens. Intrigué mais sans réponse, je glisse la balle dans ma poche juste avant qu’Aziliz ne ressorte enfin des toilettes.
— Ton tour, Faustin. Allez, dépêche-toi, nous avons rendez-vous dans 15 minutes.
Je me lève, mais l’étrangeté de l’incident m’amène à lui demander, à mi-voix :
— Tu n’as pas croisé une petite fille près des toilettes ?
Elle me regarde, un peu étonnée.
— Non, rien vu. Pourquoi ?
Elle ne cherche pas à en savoir plus et semble pressée de continuer notre journée. Je n’insiste pas. Après tout, ce n’est peut-être rien. Mais cette balle, au fond de ma poche, semble me murmurer le contraire.
🎩✨ « La magie continue… mais pas tout de suite ! » ✨🎩
Vous voulez savoir ce qui se passe après cette journée ? 🤔
📖 La suite arrive dans une semaine…
Ne ratez rien ! Abonnez-vous dès maintenant pour être le premier à plonger dans le prochain chapitre de cette aventure captivante. 🔔✍️
En savoir plus sur VoiSee Ma Boite de Magie
Subscribe to get the latest posts sent to your email.
Petite histoire bien sympathique avec beaucoup d’humour !!!😊
Je suis impatiente de lire la suite 😉